Le Chant Profond évoque ce qui est enraciné dans l’histoire et la culture d’un peuple.
Le
Chant
Profond
Juif
2e partie – Textes, poèmes et chants ashkénazes
Le Chant Profond évoque ce qui est enraciné dans l’histoire et la culture d’un peuple.
Si enracinée qu‘elle soit dans les écritures qui la fonde, l’identité juive a évolué au fil des siècles. Après s’être affirmée en terre biblique, elle s’est reformulée du fait de l’exil, principalement sur le pourtour de la Méditerranée et dans toute l’Europe.
Le Chant Profond Juif première partie, nous fait connaître les Juifs sépharades qui vécurent en Espagne avant d’en être chassés pour se réfugier autour de la Méditerranée où certains vivent encore de nos jours. Le spectacle met aussi en scène quelques extraits d’œuvres d’auteurs juifs de Provence.
Le Chant Profond Juif seconde partie, est l’expression des Juifs ashkénazes, Juifs des pays Europe, de l’Est à l’Ouest. Certains traversèrent l’océan Atlantique à la fin du XIXe siècle pour trouver une vie meilleure, beaucoup d’autres furent assassinés lors de la seconde guerre mondiale.
Chacune de ces branches du judaïsme a connu un “âge d’or” dont il reste un héritage littéraire et musical exceptionnel.
Comme si rien ne nous avait séparé du passé, aujourd’hui, ces textes et ces musiques ont traversé les siècles et nous parlent au présent.
Jean-Henri Blumen
2e partie
Textes, poèmes et chants ashkénazes
Un voyage théâtral, poétique
et musical à travers l’Europe
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Spectacle héritage d’une culture juive de l’exil
Musicien et directeur de l’Ensemble Kol Aviv, j’ai participé au premier Chant Profond Juif présenté au Festival d’Avignon In en 1978. Alors que j’avais la charge du répertoire musical de ce spectacle, cette participation m’a révélé les richesses des littératures judéo-espagnole et yiddish. Aujourd’hui, avec cette nouvelle version du Chant Profond Juif, je souhaite sensibiliser les jeunes générations en leur faisant connaître une partie des trésors de la culture juive.
Conception et réalisation
Jean-Henri Blumen
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Le Yiddish : la plus jeune des langues européennes.
La diaspora des Juifs ashkénazes qui s’est répandue en Europe, a créé d’abord une langue, ensuite une littérature d’une incomparable richesse.
La langue yiddish s’est créée au Moyen-âge à partir de l’hébreu et d’un dialecte allemand du sud.
Aux cours des siècles, cette langue a suivi l’évolution des communautés juives des différents pays d’Europe
de l’Est.
Alors que l’hébreu restait la langue sacrée, le yiddish est devenu la langue populaire. À partir du XVIe siècle, de cette langue considérée comme un jargon, est née une littérature.
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L’âge d’or de la littérature yiddish
C’est à partir du milieu du XIXe siècle que la littérature yiddish se développe de façon fulgurante et connaît son âge d’or. Au cœur de cette littérature, la poésie, souvent mise en musique et donc véhiculée par la chanson, devient dans les villages juifs comme dans les grandes villes, une poésie populaire publiée et répandue grâce à la presse et aux colporteurs. Des poètes apparaissent, en particulier le célèbre classique, I. L. Peretz, qui sera suivi d’une pléiade de grands écrivains.
Les importantes vagues d’immigrations, de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, ont répandu le yiddish un peu partout dans le monde, en particulier aux USA et en Argentine. Partout où l’émigration juive ashkénaze se fixe la littérature yiddish se développe.
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Une littérature en perpétuel mouvement, témoin de son époque
En un siècle, la littérature yiddish a connu une floraison remarquable due à la diversité, à la succession des courants et des personnalités. En ce qui concerne la poésie yiddish, on l’a vu se développer à partir d’une poésie très populaire, poésie sociale, poésie
des travailleurs ou des immigrés que ce soit aux USA en Pologne ou en Russie.
Dans les années 1920, en Russie et en Pologne, apparaît dans la poésie yiddish, un mouvement futuriste et expressionniste comparable aux mouvements
russe et allemand. Perez Marquich, Grynberg, Moché Kulback, Itzick Manger, pour ne citer qu’eux, ont transformé le langage de la poésie yiddish avec une modernité qui n’avait rien à envier aux grands poètes français du XXe siècle. Aux USA, Jacob Gladstein est à l’origine d’un courant de transformation du langage faisant preuve d’invention verbale.
Ainsi ont pu coexister des courants divers, certains d’inspiration biblique ou hassidique, d’autres prolétariens, d’autres imprégnés d’humour juif, beaucoup furent concernés par les pogroms ou la Shoah. Beaucoup de poètes juifs recherchèrent la modernité
avec des formes toujours renouvelées.
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La fin de l’âge d’or
L’extermination nazie (1941 à 1945) ainsi que les répressions et meurtres staliniens (1952) ont marqué un coup d’arrêt dans la production de la culture yiddish.
Les quelques écrivains qui échappèrent au désastre durent traduire leurs œuvres en anglais pour pouvoir toucher le public car plusieurs millions de leurs lecteurs venaient d’être assassinés.
Le tarissement de la production artistique yiddish se trouve donc à peu près au même point que celui de la culture judéo-espagnole après l’expulsion des Juifs d’Espagne en 1492.
La création en 1948 de l’état d’Israël a favorisé l’émergence d’une nouvelle culture, cette fois en langue hébraïque, ce qui a renforcé dans un premier temps la mise à l’écart des cultures diasporiques.
Cependant, les cultures des diasporas juives peuvent encore se perpétuer en empruntant des formes accessibles à nos contemporains grâce aux traductions.
Le Chant Profond Juif dans sa forme en constitue un exemple.
« Je pense que seul l’art peut préserver ce qui demeure du yiddish. La langue yiddish ne peut survivre que dans une métamorphose. Elle va passer sous d’autres formes dans d’autres langues. » Rachel Ertel
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Le Chant Profond des Juifs d’Europe ne se réduit pas à la production littéraire et musicale yiddish.
Stéphane Sweig, Franz Kafka, Vassili Grossman, Benjamin Fondane, témoins juifs de leur temps, écrivaient en allemand, en russe ou en français. J’ai considéré qu’ils devaient être présents dans ce spectacle à travers quelques extraits de leurs œuvres.
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Il ne saurait y avoir de spectacle sans musique
Si la langue yiddish est en voie de raréfaction dans les rues comme au sein des familles, elle reste néanmoins très présente à nos oreilles grâce à la chanson.
On peut aussi se féliciter du grand engouement suscité par la musique klezmer depuis des années. Nombre de poèmes ont été mis en musique ce qui donne à la chanson yiddish ses lettres de noblesse. Cette création musicale s’est calquée sur la création poétique et théâtrale ; cela concerne les même pays d’origine, Pologne, Russie, USA,
et les même époques, fin XIXe et XXe siècle. Dans Le Chant Profond Juif, il nous sera donné d’entendre quelques poèmes dans leur version française et de les entendre aussi mis en musique dans leur version originale.
Le yiddish en chanson, c’est peut être la façon dont cette langue survivra à l’avenir, mais la musique klezmer ne résume pas à elle seule la richesse de la culture juive ashkénaze, Le Chant Profond Juif est là pour nous le rappeler.
Jean-Henri Blumen
Les auteurs
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I.L. PERETZ Pologne (1852 – 1915)
CHOLEM ALEICHEM Ukraine/USA (1860 – 1916)
Moché NADIR Galicie / USA (1885 – 1943)
Itzik FEFER* Ukraine / URSS (1900 – 1952)
Franz KAFKA Prague / Autriche (1883 – 1924)
Aaron LUTSKI Ukraine / USA (1894 – 1957)
Moché KULBAK Lituanie / URSS (1896 – 1940)
Peretz MARKICH Ukraine / URSS (1895 – 1952)
Benjamin FONDANE** Roumanie /France (1898 – 1944)
Stephan SWEIG Autriche / Brésil (1881 – 1942)
Vassili GROSSMAN Ukraine / URSS (1905 – 1960)
Itzik MANGER Pologne / Israël (1901 – 1969)
Jacob GLADSTEIN Pologne / USA (1896 – 1971)
* Assassiné par Staline le 12 aout 1952
** Mort à Auchwitz
Durée du spectacle 1h30
Une production
Contact : J-H Blumen jeanhenriblumen@yahoo.fr
Les illustrations sont tirées de l’œuvre du peintre Alain Kleinmann